Le désert des tartares D'un seul coup, j'ai
Le désert des tartares
D'un seul coup, j'ai l'impression de me retrouver dans "Le désert des tartares" (que je n'ai pas lu). Les tartares ici, c'est l'hiver qui s'en vient. D'abord, il faut anticiper tout ce que le froid et la neige vont rogner ronger, les fissures où l'eau va se loger, puis geler et faire éclater les parois du chalet, refaire les peintures qui s'écaillent... Est-ce que j'ai bien pensé à tout ?
Ce matin, le thermomètre était à 0°, il y a des gros nuages gris dans le ciel. G. m'a dit que c'est un matin en se réveillant qu'on va trouver la neige. Prévoir la pelle à côté de la porte.
L'hiver, je l'ai déjà vu, je sais quelle hauteur la neige peut atteindre quand elle s'acharne, je sais comment ça fait à - 20°, je sais ce que pelleter veut dire... mais jusqu'ici, j'étais en quelques sortes "en visite" : un petit tour à Noël pour les fêtes. J'en ai gardé le souvenir éblouissant du soleil dans un ciel bleu foncé, la neige qui scintille, ça vous ravigote, les petites, Z&T, qui avec leurs patins virevoltent sur le lac gelé. Mais l'usure qu'il engendre, je ne sais pas encore, ni comment on s'y prépare.
Pour moi, ici, c'est l'été, c'est ce qui m'avait séduite au départ, un état de grâce dans un monde tranquille, la quiétude, les bains dans les eaux fraîches du lac qu'on peut traverser tranquillement à la nage. De ce côté là, mon pain blanc est déjà mangé pour l'année : nous rentrons dans l'hiver. Les feuilles des arbres, après leur période flamboyante, sont maintenant toutes à terre, et le froid est arrivé. Nous rentrons dans le vif du sujet. Comme le chante Gilles Vignault : "mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver...". Idem dans le cinéma québécois, comme "Curling", "En terrain connu", l'hiver est presque un personnage à lui tout seul, et un peu comme la métaphore de notre mal être.
Je l'attends.